Tu sais que je suis chez les moyens ?

"Tu sais que je suis chez les moyens?"

Voila la 1ère chose que m'a dit le Ptiga en sortant de la classe jeudi, après sa première journée en 2ème année de maternelle.

Jeudi 1er septembre 2016, c'était la rentrée scolaire ! Ah bon ? Mon flux Facebook ressemble au 13h de Jean-Pierre Pernaut avec toutes ces photos de cartable, voire même au catalogue Monoprix spécial rentrée scolaire.

Cette année, l'équipe pédagogique a pris la décision de ne faire que des classes petits-moyens. Le Ptiga sera chez les moyens. Avec des petits. 

Vous les entendez tous ces parents qui râlent ? Ca a commencé la veille, à 17h, devant l'école en découvrant les listes. 

"Mais ce n'est pas possible, il y'a un problème, tu as vu le nombre de petits qu'il y a dans ta classe ?" a dit une mère à sa fille de 4 ans, qui la regardait comme si elle lui avait parlé chinois. 

Les parents oublient que leurs enfants ont eux aussi été petits. Et voient d'un mauvais oeil ces mixité proposées par les classes de double niveau. "Mais vous vous rendez compte avec tous ces petits, mais mon fils ne va pas progresser!" . Oui voire même régresser, allez soyons fous !

Voilà ce que pense la plupart des parents. Egoïstement. 

La progression, l'acquisition, l'élitisme, ... ils ont à peine 4 ans et les parents sont déjà dans une comparaison permanente.

Moi aussi, je veux le meilleur pour mes enfants. Mais qu'est ce que ça peut m'énerver ce genre de discours auto-centré, qui exclue les notions de partage, d'entraide, et de mixité.  C'est tellement d'actualité pourtant. 

Ils en oublient l'avantage n°1 de ce double-niveau, ou sont peut-être tellement égoïstes  qu'ils n'y pensent même pas : la sieste des petits. 

Pendant ce temps-là, la maitresse travaille de façon plus individualisée et approfondie avec les moyens, soit un petit groupe de 14. Le pied ! Les moyens gagnent en autonomie et en responsabilité. Vous avez compris ? Moi je suis pour.

En tous cas, quand on a su avec l'Homme que le Ptiga serait dans une classe double-niveau, on a commencé à le briefer. Car lui, il attendait avec impatience d'entrer chez les moyens. Et la veille de la rentrée, quand on a su qu'il aurait la même maitresse, on a insisté. 

"Tu seras dans une classe de petits-moyens. Avec Sophie". Chose à laquelle il a répondu : "Mais moi, je veux aller chez les moyens, chez Emmanuelle, ou Corinne par exemple". 

Et oui ! Même maitresse et même classe se traduisaient dans sa tête de petit garçon de 4 ans par "je suis encore chez les petits cette année". 

Alors on a insisté : "tu sais, les maitresses, elles changent aussi de classe. Certaines années, elle s'occupe des petits, puis l'année d'après des grands. Cette année, Maitresse Sophie, elle aura une classe composée de 2 groupes : un groupe de petits, et un groupe de moyens. Toi tu seras dans le groupe de moyens". 

Ah d'accord. 

Jeudi matin, à l'entrée de la classe, badge autour du coup. Bonjour Héléna (l'ATSEM préférée du Ptiga). Bonjour Lola, Julia, Anaïs (les filles de sa bande - il ne manque que Win, qui sera dans une autre classe). Et bonjour Maitresse Sophie. 

"Oh le Ptiga, comme ça me fait plaisir de voir une petite tête connue comme la tienne". 

L'année va bien se passer. En tous cas, j'ai laissé le Ptiga assis, son badge autour du coup, avec un puzzle. Et ses copines.

Le soir, à la sortie de la classe, sa première remarque a été : "Tu sais que je suis chez les moyens ? Et tu sais, bah en fait, quand les petits ils font la sieste, nous on joue dans la cour. Et aussi on fait du découpage."

Le lendemain, vendredi 2 septembre, le Ptiga est entré dans la classe, a salué la maitresse du vendredi - Armelle - et ne m'a pas dit au revoir.

Cette année va très bien se passer. Soyez rassurés chers parents des moyens.